Si le village de Maisières, à qui appartenait le bois de Grandchamps où la découverte s'était faite, avait possédé un lieu de culte, il n'est pas douteux qu'on y eût transporté immédiatement la statue, et qu'en conséquence, jamais Notre-Dame du Chêne n'aurait eu, sur le terrain même où elle s'était révélée, sa chapelle à elle pour rayonner de là sur toute la région. Mais le centre paroissial se trouvant à Scey-en-Varais, la commune voisine, les gens de Maisières qui prétendaient bien - cela se comprend - garder pour eux leur trésor, décidèrent, pour couper court à toute contestation, que la Notre-Dame, déposée provisoirement chez la maîtresse d'école, la veuve Jacquine, dans une armoire garnie de saintes images devant laquelle on venait prier secrètement pendant la Terreur, serait reportée dans le vieux chêne, ce qui se fit en grande solennité, au début de septembre de cette même année 1803, probablement en la fête de la Nativité de la Sainte Vierge, au milieu d'un peuple nombreux accouru de toute la région voisine.
En 1839, le service de la voirie ayant décidé d'élargir la route, le chêne, bien vieilli d'ailleurs, fut abattu, et la statue placée dans une niche de fer adaptée contre une croix de bois que la commune de Maisières fit élever en arrière de l'emplacement de l'arbre. Pour cette cérémonie, le curé de Scey, M. Roland, attendit le jour des Rogations, et tout Maizières escorta processionnellement la sainte image depuis la maison appelée aujourd'hui "Le Chavot" où elle avait été confiée à la garde de Mme de Maléchard-Verny, jusqu'au bois de Grandchamp; mais, comme l'écrira plus tard le premier chapelain, M. Grosjean, "chacun fit la réflexion que ce n'était guère bien de mettre sur la croix la bonne Notre-Dame et qu'il fallait au plus tôt lui bâtir une chapelle".
L'abbé Gros, qui prit possession de la cure de Scey en 1840, ne put souffrir que l'image de celle dont il aimait à se dire "l'humble vicaire" ne fût pas traitée avec plus d'honneur. Dès 1843, en attendant de lui construire une digne demeure, il déposa la Madone au château de Maisières, chez M. Charles de Pirey, ancien officier de l'Empire. On éleva un autel dans une pièce élégante et vaste. Les fidèles eurent toute liberté de se réunir dans ce nouvel oratoire, ce qu'ils ne manquèrent pas de faire, particulièrement pour les exercices du Mois de Marie.
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