jeudi 12 février 2009

Mercredi des Cendres - Méditation de saint Yves de Chartres

Anna Katharina Emmerick, stigmatisiertLa création tout entière gémit et souffre dans les douleurs de l'enfantement. Nous aussi, qui possédons les prémices de l'Esprit (la grâce qui est le premier gage de notre béatitude) nous soupirons en nous-mêmes dans l'attente du rachat de notre corps." (Rom. 8, 22-23). Cette créature, c'est l'âme qui, de la corruption du péché, a été recréée à l'image de Dieu et gémit intérieurement sur la vanité à laquelle elle est assujettie. Aussi longtemps qu'elle demeure éloignée de la patrie, elle ressemble à une femme qui souffre les douleurs de l'enfantement. Telle était aussi la souffrance du Psalmiste, lorsqu'il disait: "Malheur à moi, car mon exil se prolonge!" (Ps. 119,5). L'Apôtre lui-même était poussé par la même nostalgie, lui qui pourtant avait été un des premiers, parmi les membres de l'Église, à recevoir l'Esprit-Saint et qui désirant passionnément la plénitude de l'adoption, - qu'il possédait déjà en espérance -, s'exclamait: "Je voudrais mourir pour être avec le Christ" (Phil. 1, 23).
En ces jours plus que jamais il nous faut nous livrer à la pénitence et aux larmes du repentir, pour retourner à la patrie d'où nous ont chassés les plaisirs qui mènent à la mort. Pleurons donc tant que nous sommes sur le chemin, pour nous réjouir une fois parvenus dans la patrie. Regardons la douleur du monde comme une véritable amertume, pour acquérir la douceur de Dieu. Courons dans le stade de cette vie pour recevoir la récompense de l'éternelle vocation. Ne ressemblons pas à ces voyageurs insensés qui oublient leur patrie, pour se rendre au pays de l'exil, et qui demeurent en chemin. Ne soyons point comme ces malades devenus insensibles à la douleur, et qui négligent, de chercher un remède; il faut en effet désespérer de la vie de ceux qui ne connaissent pas leur maladie. Courons plutôt au médecin du salut éternel, montrons-lui nos blessures en nous confessant à lui, et crions-lui du fond de notre cœur: "Ayez pitié de moi, Seigneur, car je suis sans force: guérissez-moi, Seigneur, car mes os sont tout ébranlés" (Ps. 6, 3). Alors notre médecin nous pardonnera nos fautes, guérira toutes nos infirmités et comblera de ses biens notre désir.

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