lundi 5 novembre 2007

La souffrance avec Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus

Sur cette terre où tout change, une seule chose reste stable: la conduite du Roi des Cieux à l'égard de ses amis. Depuis qu'il a levé l'étendard de la Croix, c'est à son ombre que tous doivent combattre de remporter la victoire.

Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus à 15 ans et sa soeur CélineLa vie est souvent pesante et amère, il est pénible de commencer une journée de labeur, surtout quand Jésus se cache à notre amour. Que fait-il ce doux Ami? Il ne voit donc pas notre angoisse, le poids qui nous oppresse; où est-il? Pourquoi ne vient-il pas nous consoler?
Ne craignons rien, il est là tout près de nous; il nous regarde; c'est lui qui nous mendie cette peine, ces larmes... Il en a besoin pour les âmes, pour notre âme; il veut nous donner une si belle récompense. Ah! je vous assure qu'il lui en coûte pour nous abreuver d'amertume, mais il sait que c'est l'unique moyen de nous préparer à le connaître comme il se connaît lui-même, à devenir des dieux nous-mêmes. (I Cor, XIII, 12; Ps. LXXXI, 6). Oh! quelle destinée! Que notre âme est grande! Élevons-nous au-dessus de ce qui passe, tenons-nous à distance de la terre; plus haut l'air est si pur! Jésus peut se cacher, mais on le devine...
La vie passe, l'éternité s'avance; bientôt nous vivrons de la vie même de Dieu. Après avoir été abreuvés à la source des amertumes, nous serons désaltérés à la source même de toutes les douceurs.

Demain, dans une heure, nous serons au port! Mon Dieu, que verrons-nous alors? Qu'est-ce donc que cette vie qui n'aura pas de fin? Mystère insondable! "L'oeil de l'homme n'a point vu la lumière incréée, son oreille n'a point entendu les incomparables mélodies des cieux et son coeur ne peut comprendre ce qui lui est réservé dans l'avenir". (I Cor. II, 9)
Le temps n'est qu'un mirage, un rêve; déjà Dieu nous voit dans la gloire, il jouit de notre béatitude éternelle. Que cette pensée fait de bien à mon âme. Je comprends alors pourquoi il nous laisse souffrir.

Notre-Seigneur n'impose jamais de sacrifice au-dessus de nos forces. Parfois, il est vrai, ce divin Sauveur nous fait sentir toute l'amertume du calice qu'il présente à notre âme. Lorsqu'il demande le sacrifice de tout ce qui est le plus cher au monde, il est impossible, à moins d'une grâce toute paticulière de ne pas s'écrier comme lui au jardin de l'Agonie: "Mon Père, que ce calice s'éloigne de moi..." Mais empressons-nous d'ajouter aussi. "Que votre volonté soit faite et non la mienne". (Mt. XXVI. 39).
Il est bien consolant de penser que Jésus, le divin Fort, a connu toutes nos faiblesses, qu'il a tremblé à la vue du calice amer, ce calice qu'il avait autrefois ardemment désiré.

Jésus connaît l'étendue de votre immolation, il sait que la souffrance de ceux qui vous sont chers augmente encore la vôtre; mais Lui-même a souffert ce martyre pour sauver nos âmes. Il a quitté sa mère, il a vu la Vierge Immaculée debout au pied de la croix, le coeur transpercé d'un glaive de douleur... Travaillons donc au salut des âmes, nous n'avons que l'unique jour de cette vie pour les sauver et donner ainsi au Seigneur des preuves de notre amour. Le lendemain de ce jour sera l'éternité et Jésus nous rendra au centuple les joies si douces que nous lui sacrifions.
La souffrance seule peut enfanter les âmes. Plus que jamais, ces sublimes paroles de Jésus me dévoilent leur profondeur: "En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé étant tombé en terre ne vien à mourir, il demeure seul; mais s'il meurt, il rapporte beaucoup de fruit". (Jn. XII, 24).
C'est bien plus par la souffrance et par la persécution que par de brillantes prédications que Dieu veut affermir son règne dans les âmes.

Si je ne souffrais pas de minute en minute, il me serait impossible de garder la patience; mais je ne vois que le moment présent, j'oublie le passé et je me garde bien d'envisager l'avenir. Si on se décourage, si parfois on désespère, c'est parce qu'on pense au passé et à l'avenir.
Quand je souffre beaucoup, quand il m'arrive des choses pénibles, désagréables, au lieu de prendre un air triste, j'y réponds par un sourire. Au début, je ne réussissais pas toujours; mais maintenant, c'est une habitude que je suis heureuse d'avoir contractée.

"C'est affreux ce que vous souffrez?" lui disait-on. - Non, ce n'est pas affreux, Jésus me donne à chaque instant ce que je puis supporter; pas davantage; et si, le moment d'après, il augmente ma souffrance, il augmente aussi ma force.
Cependant, je ne pourrais jamais lui demander des souffrances plus grandes, car je suis trop petite; elles deviendraient mes souffrances à moi; alors il faudrait que je les supporte toute seule; et je n'ai jamais rien pu faire toute seule.

Pour une souffrance supportée avec amour, nous aimerons davantage le bon Dieu pendant toute l'éternité.

(Extrais de paroles et écrits de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus).
Permis d'imprimer: + François-Marie, Évêque de Bayeux et Lisieux

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