Né à Tolède, vers 607, de parents goths, moine et abbé, mort en 669. Il a composé une défense de la Perpétuelle Virginité de Marie, qui est un écrit plein de tendresse. Il se termine par une longue prière, dont voici les passages les plus significatifs:
Oh! je t'en prie, Vierge sainte, fais que je reçoive Jésus de l'Esprit par l'opération duquel tu as enfanté Jésus. Que mon âme possède Jésus, grâce à l'Esprit par lequel tu as conçu le même Jésus. Qu'il me soit donné de connaitre Jésus par l'Esprit qui t'a donné de savoir posséder et enfanter Jésus. Que ma bassesse puisse dire les grandeurs de Jésus par l'Esprit en qui tu te reconnais la servante du Seigneur, désirant qu'il te soit fait selon la parole de l'ange. Que j'aime Jésus dans l'Esprit en qui tu l'adores comme ton Seigneur, et le regardes comme ton fils. Que j'aie la crainte de Jésus aussi vraiment que lui, étant Dieu, était soumis à ses parents.
Voilà en pleine lumière l'idée de la maternité de grâce: Marie doit obtenir du Saint-Esprit qu'elle forme en nous le Christ spirituel, comme elle l'a formé selon la chair, par l'opération du Saint-Esprit. Et maintenant le service de la Dame, pour mieux servir le Seigneur:
O le plus bel honneur à ma liberté! O le plus magnifique titre de noblesse! O la glorieuse et ferme garantie de ma grandeur, s'achevant dans la gloire éternelle! Dans ma triste déchéance, j'aspirerais à devenir, pour ma réparation, le serviteur de la Mère de mon Seigneur! Séparé autrefois, en notre premier père, de la communion des anges, je mériterais d'être le serviteur de la servante et de la mère de mon Créateur! Comme un corps docile entre les mains du Dieu souverain, je demanderais d'être attaché au service de la Vierge-Mère, de me dévouer à son service. Accorde-moi, Jésus, Dieu Fils de l'Homme; donne-moi, Seigneur de toutes choses et fils de ta servante; fais-moi ce don, Dieu abaissé dans l'homme, permets-moi, homme élevé jusqu'à Dieu, en croyant à l'enfantement de la Vierge, d'être rempli de foi en ton Incarnation, en parlant de la maternité virginale, d'avoir la bouche remplie de ta louange, en aimant ta Mère d'être rempli de ton amour; que je serve ta Mère de façon que tu me reconnaisses toi-même pour ton serviteur; qu'elle soit ma souveraine dans le siècle de façon que tu sois mon Seigneur pour l'éternité. Voyez avec quelle impatience je désire être le serviteur de cette souveraine, avec quelle fidélité je me livre à l'attrait de sa servitude; comme je désire me faire pleinement le serviteur de ses volontés, avec quelle ardeur je veux ne jamais me soustraire à son empire, quel véhément désir en moi de n'être jamais arraché à son service: puissé-je alors vraiment être admit à son service, et, la servant, mériter ses faveur, demeurer à jamais sous son joug, jouir encore d'elle dans l'éternité.
Ils savent mon désir, ceux qui aiment Dieu, ils le voient, ceux qui lui sont fidèles, ils le comprennent, ceux qui adhèrent à Dieu, ils le connaissent, ceux-là que Dieu connait. Écoutez, vous ses disciples, prêtez attention, infidèles, sachez-le, vous qui ne pensez qu'à la division, comprenez, sages de ce monde, que rend insensés aux yeux de la sagesse divine ce qui vous fait sages aux yeux de votre sottise..., vous qui n'acceptez pas que Marie soit toujours vierge; qui ne voulez pas reconnaitre mon Créateur pour son fils, et elle pour la mère de mon Créateur; qui refusez de croire qu'elle seule ait pour fils le Seigneur de ses créatures; qui ne glorifiez pas ce Dieu comme son Fils, qui ne proclamez pas bienheureuse celle que le Sainte-Esprit a ordonné à toutes les nations d'appeler bienheureuse; qui ternissez sa gloire en lui refusant l'incorruptibilité de la chair, qui ne rendez pas honneur à la Mère du Seigneur, afin de rendre honneur à Dieu son Fils; qui ne glorifiez pas comme Dieu celui que vous avez vu devenir homme et naitre d'elle; qui confondez les diverses natures de son Fils; qui brisez l'unité de la personne de son Fils, qui niez la divinité de son Fils, qui refusez de croire à la chair véritable, à la passion véritable de son Fils, qui ne croyez pas qu'il a subi la mort comme Dieu, qu'il est ressuscité des morts comme Dieu. Car s'il et mort, c'est en tant qu'homme; s'il est ressuscité, c'est en tant que Dieu. Mon plus grand désir est d'être le serviteur de son Fils, et de l'avoir pour souveraine. Pour être sous l'empire de son Fils, je veux la servir; pour être admis au service de Dieu, je veux qu'en témoignage la Mère règne sur moi. Pour être le serviteur dévoué de son propre Fils, j'aspire à devenir le serviteur de la Mère. Car servir la servante, c'est aussi servir le Seigneur; ce que l'on donne à la Mère rejaillit sur le Fils, allant de la nourrice à celui qu'elle a nourri, et le roi voit retomber sur lui l'honneur que rend le serviteur à la reine.
Bénissant avec les anges, chantant ma joie avec les voix des anges, exultant avec les hymnes angéliques, me réjouissant avec les acclamations des anges, je bénis avec ma souveraine, je chante ma joie avec celle qui est la Mère de son Seigneur, j'exulte avec celle qui est la servante de son Fils. Je me réjouis avec celle qui est devenue la Mère de mon Créateur; avec celle en qui le Verbe s'est fait chair. Parce qu'avec elle j'ai cru ce qu'elle sait elle-même avec moi, parce que j'ai connu qu'elle est la Vierge-Mère, la Vierge qui enfante, parce que je sais que la conception ne lui a rien fait perdre de sa virginité, parce que j'ai appris qu'une immuable virginité a précédé son enfantement, parc que j'ai la certitude que son enfant lui a conservé la gloire de la virginité tout cela me remplit d'amour, car je sais que c'est pour moi que tout cela a été fait. Je n'oublie pas que c'est grâce à celle que la nature de mon Dieu s'est unie à ma nature pour que ma nature soit assumée par mon Dieu; qu'il n'y a qu'un seul Christ, Verbe et chair, Dieu et homme, Créateur et créature, l'auteur de l'œuvre, en même temps qu'il en était la forme, à la fois celui qui a fait et ce qui a été fait.
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