Comment ne pas voir dans ces miracles une revanche de la Sainte Vierge? 1803, c'est l'année de la restauration du culte, marquée d'abord en Scey-en-Varais par la solennité eucharistique de la Première Communion. L'Assomption, c'est la fête de la glorification de Marie, la fête aussi où la France, en vertu du voeu de Louis XIII, reconnaît officillement la Mère de Dieu pour sa Reine... L'image glorifiée est de celles qui n'ont échappé à la fureur de l'impiété révolutionnaire que grâce à l'humiliante obscurité de quelque réduit... Le bois de Grandchamp, témoin de cette glorification, est le lieu même où, pendant la persécution de l'Église, une autre image de Marie a été indignement traitée... C'est à la petite-fille de l'homme qui avait placé cette dernière image que l'image invisible est, une première fois, miraculeusement révélée, puis à son fils et à trois de ses petites-filles. Il n'y a d'autre témoin qu'un étranger; encore est-il l'hôte de la famillle et ne semble-t-il être là que par précaution, pour garantir la véracité des Mille et pour qu'il y ait deux hommes à témoigner.
Ainsi quelles que soient les circonstance que l'on regarde, de temps, de lieu, de personnes, toutes concourent à présenter le miracle du bois de Grandchamp comme une réponse de la Sainte Vierge à l'impiété révolutionnaire, aux affronts auxquels ses images furent en butte pendant ces jours troublés. Il est remarquable que les apparitions de Marie à la rue du Bac, à la Salette, à Lourdes et à Pontmain se rapportent à la France tout entière, qu'elles furent toutes suscitées par des misères et des fautes nationales. Le miracle de 1803 n'est pas différent. Si la Reine du ciel n'a pas jugé bon de lui donner plus d'éclat, il n'en inaugure pas moins, à une heure remarquable entre toutes, heure de résurrection et de réparation, la série des manifestations qu'elle daignera multiplier sur le sol français au cours d'une des périodes les plus critques de notre histoire. C'est ce que reppelait Mgr Foulon, archevêque de Besançon, dans sa lettre pastorale du 1er septembre 1883.
C'est sans doute pour n'avoir pas su reconnaître cette intention cependant si évidente de Marie qu'un religieux de la Compagnie de Jésus, le P. Fouillot, ému, à la suite de l'enquête canonique de 1844, par l'authenticité incontestable des faits miraculeux de 1803, se demanda quel pouvait bien avoir été le dessein de la Sainte Vierge et pensa en trouver l'explication dans l'emblème que porte la statue. Nous avons dit que c'est une grappe de raisin; mais l'état fruste où se trouve cette grappe permet de la prendre facilement pour un coeur. Le Père donna dans cette illusion et la chose pour lui fut claire: La Sainte Vierge était venue nous révéler son Coeur Immaculé. Il composa un long mémoire qu'il soumit au Cardinal Mathieu, gagna facilement à ses vues les "Filles du Saint Coeur de Marie", qui ne restèrent pas inactives, persuada pareillement le premier chapelain, M. Grosjean. Celui-ci qui, dès 1859, en tête de sa première notice, avait représenté Notre-Dame du Chêne avec un coeur, donna pour titre à celle qu'il publia en 1871: Histoire de Notre-Dame du Saint Coeur, dite Notre-Dame du Chêne, et y consacra tout un chapitre à la Dévotion au Saint Coeur de Marie. On fit de projets d'association. Certains status furent élaborés selon le plus pur esprit de Louis-Marie Grignion de Montfort, alors Vénérable, et de son Esclavage à la Sainte Mère de Dieu. Ce qui obtint l'agrément de Mgr Paulinier fut plus modeste et porta le titre un peu lourd d'Association de la Dévotion actuelle et perpétuelle au Très Saint Coeur de Marie. Mais, en 1880, succédait à M. Grosjean un chapelein quelque peu archéologue, M. Blanchet. Convaincu que l'emblème était une grappe de raisin, il se mit en quête de documents pour éclairer ses contradicteurs et eut le bonheur inespéré de tomber sur une statue qui sortait du même moule que l'image miraculeuse. La cause était entendue. Par ordre de Mgr Foulon, le vocable de "Notre-Dame du Saint Coeur" dut disparaître.
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