Elle trône dans la chapelle, au-dessus du maître-autel. La Sainte Vierge, une haute couronne sur la tête, porte sur son bras grauche l'Enfant Jésus et tient de sa main droite contre sa poitrine une grappe de raisin. Les connaisseurs donnent cette statue pour une terre cuite d'Étrepigney (Jura) et la datent du siècle de Louis XIV. D'une exécution grossière, elle est d'une très belle conception de formes. Elle mesure, piédestal compris, 19 centimètres de haut.
Son nom lui vient d'un vieux chêne dans lequel elle fut découverte, au bord de la route, au bois dit de Grandchamp, à l'endroit où s'élève maintenant la statue de bronze. Qui l'avait mise dans cet arbre? Des gens de Montrond ont prétendu que c'était un de leurs ancêtres. Un soir que l'homme passait là, il fut attaqué par des malfaiteurs qui le menaçaient de le jeter à la Loue. Comme il se recommandait à la Sainte Vierge, des bruits mystérieux se firent entendre qui mirent ses agresseurs en fuite... Une autre tradition parle d'une jeune fille sauvée par la Sainte Vierge des attaques de deux libertins... Comme il est reconnu qu'avant l'exhaussement de la route, le passage était peu sûr avec la rivière d'un côté, le bois et le rocher à pic de l'autre, il est vraisemblable, quoi qu'il en soit de l'exactitude de ces traditions, que la statue fut placée dans le chêne par un voyageur reconnaissant.
L'arbre étant encore vigoureux, la niche qu'on avait creusée se referma, voilant peu à peu l'image, dont le souvenir se perdit. Cependant le chêne gardait son nom de Chêne de Notre-Dame. Un sentiment de vénération s'attachait à lui à ce point que, pendant la Révolution une coupe ayant eu lieu dans ce canton de la forêt, l'homme d'Ornans qui tenait le marteau pour marquer les pieds à abattre, passa outre en disant: "Pour celui-ci je ne le marquerai pas; on m'en voudrait trop".
Le sacrilège du bois de Grandchamp
A quelques deux cents mètres de la chapelle, du même côté de la route vers la gare, mais à une certaine distance dans les terres, on aperçoit, à demi dissimulées dans un bouquet de sapins, les lignes grisâtres d'un corps de bâtiment. C'est la Malcôte, ancienne propriété du cardinal de Granvelle, ministre de Charles-Quint. Au XVIIIe siècle, la ferme attenant la maison de maître était occupée par des Mille. Le chef de cette famille avait-il connu la statue? Il semble que oui. Mais il ne se doutait pas qu'elle était toujours là, car rien n'eût été plus facile que de la remettre au jour. Regrettant donc qu'elle eût disparu, il eut l'idée d'en placer une autre dans un chêne qui s'élevait proche de là, à une vingtaine de mètres du chemin. Or cet arbre, lors de la coupe que nous venons de mentionner, loin d'être, comme l'autre, respecté par la hache, fut abattu avec impiété. Les documents n'en disent pas plus long; mais cela suffit. On devine le sort de la statue qu'il portait. Si personne du voisinage ne la recueillit, c'est qu'elle avait été mise en morceaux ou jetée à la Loue. Cela se passait au cours de la Révolution. En d'autres temps aucun bûcheron n'eût osé commettre cet acte. La profanation n'avait pu être perpétrée que sous le couvert des lois, qui proscrivaient tous les emblèmes de la superstition. Elle portait donc nettement l'estampille de l'impiété officielle.
La revanche de la Sainte Vierge
Les Miracles
Il y avait tout juste un an que le Concordat promulgué le jour de Pâques, 18 avril 1802, avait rendu à la France la liberté du culte, lorsque la paroisse de Scey-en-Varais, à laquelle appartient Maisières, revit, la première fois depuis douze ans, les touchantes cérémonies de la première communion. La petite-fille de l'homme qui avait placé la seconde statue, laquelle fut profanée, Cécile Mille, âgée de treize ans et demi, était parmi les privilégiées de ce grand jour. La messe terminée, elle revenait à la Malcôte avec une compagne, lorsque, passant devant le Chêne de Notre-Dame, elle aperçoit contre le tronc, à la naissance des branches, une statue de la Sainte Vierge entre deux lumières, deux chandelles, comme elle dira: "Oh! la belle Notre-Dame!" s'écrie-t-elle. Mais l'autre ne voit rien. Arrivée à la maison, Cécile s'empresse de raconter sa vision à ses parents. Sa mère se moque d'elle. Cependant, devant la force de ses affirmations, le père hésite. Sur ses instances il se décide à descendre avec elle jusqu'au chêne. Une partie de la famille les accompagne. Quand ils sont en vue de l'arbre, l'apparition se renouvelle pour Cécile, mais pour elle seule.
Les siens se demandent que penser. Voit-elle réellement? Ment-elle? Serait-elle le jouet de son imagination? Quelques jours après, le père va consulter un pieux gentilhomme, ancien conseiller au Parlement de Besançon, M. Mathias de Pirey, et le prêtre qui, simple vicaire, a desservi la paroisse avec un zèle admirable au cours de la Révolution, l'abbé Nicolet. La réponse qu'il reçut ne nous a pas été conservée; mais on la devine. Cécile passait pour une enfant très pieuse. Sans doute l'imagination surchauffée par la ferveur de la première communion expliquait tout.
Sommée par ses parents de taire ces contes ridicules, la voyante n'en continuait pas moins à protester dans son patois que cela était aussi vrai que le soleil brille: "Oui, çou qui est vra, quément l'est vra que lou chau beille".
Le jour de l'Assomption de cette même année 1803, entre 7 et 8 heures du matin, par le plus beau soleil, cinq personnes descendaient de la Malcôte pour se rendre à la messe à trois quarts de lieue de là, à Scey-en-Varais. C'était Pierre-Antoine Mille, ses trois filles, Marguerite, Simone et Cécile, la voyante, et un vannier, Louis Seure, dit Marchandot (petit marchand), de la Vieille-Loye (Jura), lequel, à chaque printemps, allait de ferme en ferme réparer les hottes et les paniers des vignerons. Le fermier et Cécile devaient faire leurs dévotions ce jour-là. Ils marchaient un peu en avant des autres et venaient de dépasser le chêne, lorsque Marguerite, qui suivait en compagnie de Simone et du vannier, dit à celui-ci en lui montrant l'arbre: "C'est là que Cécile dit qu'elle a vu une Notre-Dame le jour de sa première communion". Louis Seure lève les yeux sur l'arbre et interpellant Pierre-Antoine: "Mais regarde donc, fit-il, qu'est-ce que c'est cela?" Sur le tronc, en plein soleil, deux pointes de feu brillaient d'un si vif éclat qu'on eût dit des vers luisants dans la nuit. Les deux hommes examinèrent attentivement. Impossible de se tromper; ce n'était pas naturel. Cependant, comme la messe sonnait, ils partirent. A leur retour, ils étaient accompagnés de tout Maisières. On avait apporté une hache et une échelle. Le vannier étant monté aperçut à l'endroit qu'avaient marqueé les feux, une fente d'environ trois centimètres. Il ouvrit le tronc et la statue apparut, saluée du chant d'un cantique.
Quelques jours après, le nouveau curé de Scey, M. Dupuy, assisté de M. Durand, curé de Cléron, entendait les deux hommes et consignait le récit de la découverte dans les registres paroissiaux.
Deux maîtres comtois, Isembart et Simon, ont consacré au Miracle des Lumières un beau tableau, qui se voit audessus de la porte de la chapelle, à l'intérieur.
À suivre
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1 commentaire:
maman 100 ans chantent notre dame du chene dans ses derniers jours, elle est sarthoise, pourriez vous me donner les paroles : " jadis dans le creux du vieux chêne les colombes faisaient leurs nids, du ciel une invisible chaine les fixait à l'arbre béni.........etc mais la suite ?
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