Il y a deux manière de souffrir: souffrir en aimant et souffrir sans aimer. Les saints souffraient avec patience, joie et constance, parce qu'ils aimaient. Nous souffrons avec colère, dépit et lassitude, parce que nous n'aimons pas.
Si nous aimions Dieu, nous aimerions les croix, nous les désirerions, nous nous plairions en elles, nous serions heureux de pouvoir souffrir pour l'amour de Celui qui a bien voulu souffrir pour nous.
Vous dites que c'est dur? Non, c'est doux, c'est consolant, c'est suave: c'est le bonheur!... Seulement il faut aimer en souffrant, il faut souffrir en aimant.
Oh! que les âmes qui sont tout à Dieu dans la souffrance éprouvent de douceur! C'est comme du vinaigre dans lequel on met beaucoup d'huile: le vinaigre est bien toujours vinaigre, mais l'huile en corrige l'aigreur, et on ne la sent presque plus.
Il n'y a d'heureux dans ce monde que ceux qui ont le calme de l'âme au milieu des peines de la vie, ils goûtent la joie des enfants de Dieu.
Toutes les peines sont douces, quand on souffre en union avec Notre-Seigneur...
Souffrir, qu'importe? Ce n'est qu'un moment. Si nous pouvions aller passer huit jours dans le ciel, nous comprendrions le prix de ce moment de souffrance. Nous ne trouverions pas de croix, assez lourde, pas d'épreuve assez amère...
Les épreuves pour ceux que Dieu aime, ne sont pas des châtiments, ce sont des grâces...
Qu'est-ce que vingt an, trente ans, comparés à l'éternité?... Qu'avons-nous donc tant à souffrir? Quelques humiliations, quelques froissements, des paroles piquantes: CELA NE TUE PAS.
Qu'il fait bon de mourir quand on a vécu sur la croix!
Nous devrions courir après les croix comme l'avare court après l'argent...
La croix est le don que Dieu fait à ses amis.
Il ne faut jamais regarder d'où viennent les croix; elles viennent de Dieu. C'est toujours Dieu qui nous donne ce moyen de lui prouver notre amour.
Dans le chemin de la croix, il n'y a que le premier pas qui coûte. C'est la crainte des croix qui est notre plus grande croix.
On n'a pas le courage de porter sa croix, on a bien tort; car, quoi que nous fassions, la croix nous tient, nous ne pouvons lui échapper.
Celui qui va au-devant des croix marche à l'opposé des croix; il les rencontre peut-être, mais il est content de les rencontrer; il les aime, il les porte avec courage; alles l'unissent à Notre-Seigneur; elles le purifient et le détachent de ce monde; elles emportent de son coeur tous les obstacles; elles lui aident à traverser la vie, comme un pont aide à passer l'eau.
Les gens du monde se désolent quand ils ont des croix, et les bons chrétiens se désolent quand ils n'en ont pas. Le chrétien vit au milieu des croix comme le poisson vit dans l'eau.
Il n'y a que les croix qui nous rassureront au jour du jugement. Quand ce jour viendra, nous serons heureux de nos malheurs, fiers de nos humiliations et riches de nos sacrifices!
Il ne faut pas considérer le travail, mais la récompense. Un négociant n'envisage pas la peine qu'il a dans son commerce, mais le gain qu'il en retire.
Les croix transformées dans les flammes de l'amour sont comme un fagot d'épines que l'on jette au feu et que le feu réduit en cendres. Les épines sont dures, mais les cendres sont douces.
Mettez un beau raisin sous le pressoir, il en sortira un jus délicieux. Notre âme, sous le pressoir de la croix, produit un jus qui la nourrit et la fortifie.
Lorsque nous n'avons pas de croix, nous sommes arides; si nous les portons avec résignation, nous sentons une douceur, un bonheur, une suavité!... c'est le commencement du ciel.
Les épines suent le baume, et la croix transpire la douceur. Mais il faut presser les épines dans ses mains et serrer la croix sur son coeur pour qu'elles distillent le suc qu'elles contiennent.
Les contradictions nous mettent au pied de la croix et la croix à la porte du ciel.
Souffrir passe; avoir souffert ne passe pas.
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1 commentaire:
magnifique! j'ai souvent admiré cette vertu de résignation sur certains visages chrétiens...ils dégagent une telle douceur! par moments il me semble que Dieu me conduit par là aussi, mais je suis si indisciplinée..merci beaucoup pour ce texte du curé d'ars, qui me redonne des ailes.
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