Suite de "Après l'Offrande à l'Amour Miséricordieux - 02"
25. - La Victime d'Amour se dévoue-t-elle, en vertu de son Offrande, à des souffrances exceptionnelles?
- Elle ne vise que l'Amour, "le don le plus excellent (I Cor. XIII, 31.)." C'est à l'Amour Miséricordieux - c'est-à-dire doux et compatissant - du bon Dieu, qu'elle s'abandonne, sans autre désir que de l'aimer et de le faire aimer, sans retour sur elle-même et ce qui peut lui advenir.
"C'est l'enfant qui se livre aux vouloirs de son Père, pour souffrir ou jouir, au gré de son amour ("Rien d'impossible pour être un Saint." Carmel de Lisieux.)."
26. - Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus envisageait-elle donc une disposition plus parfaite que le désir de la souffrance?
- Oui, et c'est ce que précise, dès ses premières lignes, la formule de l'Acte d'Offrande: "Je désire, ô mon Dieu, accomplir parfaitement votre volonté."
A la fin de sa vie, notre Sainte confirme ainsi sa pensée sur ce point: "Je ne sais plus rien demander avec ardeur, excepté l'accomplissement parfait de la volonté de Dieu sur mon âme... Je ne désire plus la souffrance ni la mort. Longtemps je les ai appelées comme des messagères de joie... Aujourd'hui, c'est l'Abandon seul qui me guide, je n'ai point d'autre boussole."
Et elle répète sur son lit de mort: "Je n'aime pas mieux une chose que l'autre. Ce que le bon Dieu aime mieux et choisit pour moi, voilà ce qui me plaît davantage. C'est ce qu'il fait que j'aime!"
27. - Est-ce pour cela que notre Sainte appelle la Victime d'Amour "heureuse Victime"?
- Oui, c'est précisément parce que cet Abandon, "fruit délicieux de l'Amour (Saint Augustin)", est suavité, même dans la souffrance. L'Amour, en effet, "rend doux ce qu'il y a de plus amer (Im. III, v, 3.)."
Sans doute "il a ses temps d'épreuve comme ses temps de jouissance (Id. Réflexion)", mais il possède toujours le privilège unique de pouvoir transformer la douleur en joie, joie non sensible, peut-être, comme cet Amour même, mais "au-dessus de toute joie" et que Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus avait expérimentée lorsqu'elle chantait: "Oui, souffrir en aimant, c'est le plus pur bonheur... Ma joie est d'aimer la souffrance..."
C'est cette joie parfaite, fleur exquise de l 'Amour, qu'elle entrevoit comme apanage des heureuses Victimes de sa Légion et qu'elle veut léguer à ses sœurs comme gage suprême de sa tendresse fraternelle: "Je ne vous promets pas de vous épargner les épreuves, leur disait-elle, avant de les quitter pour le Ciel, mais je vous les ferai aimer, et vous en viendrez à dire avec moi: Vous me comblez de joie, Seigneur, par tout ce que vous faites (Ps. XCI, 4.)."
28. - En résumé, ne peut-on pas coclure que l'Acte d'Offrande à l'Amour Miséricordieux procure le vrai bonheur de l'âme Victime?
- Oui, l'âme Victime, en faisant appel à la "tendresse infinie du bon Dieu", a tout à gagner en paix et joie intérieures, car la charité divine envahissant un cœur humain ne peut qu'y apporter tous les germes de bonheur.
De plus, l'Acte d'Offrande, en livrant l'âme à la merci de l'Amour MISÉRICORDIEUX, lui acquiert l'assurance que cet Amour "aura compassion de sa faiblesse, la traitera - en toute rencontre, à travers toutes les vicissitudes de l'exil - avec douceur, avec MISÉRICORDE" et une souveraine libéralité.
Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus le proclamait dans cette "épreuve dernière (Histoire d'une Âme, Chap. IX.) qui, de son propre aveu, lui enlevait tout sentiment de jouissance: Jamais je n'ai si bien senti que le Seigneur est doux et miséricordieux!..." Et, déjà descendue dans les angoisses et les ombres de la mort, elle redisait encore, comme un chant de victoire: "Je ne me repens pas de m'être livré à l'Amour, au contraire!..."
29. - Mourir d'amour, serait-ce donc mourir dans les transports?
- Si la mort d'amour implique, pour l'âme Victime, une disposition foncière de paix et d'amoureuse confiance, elle ne suppose pas, cependant, la suppression des souffrances, qui sont, dans la mort, le tribut du péché.
Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus nous le fait remarquer, elle qui reçut une communication très grande de souffrances rédemptrices: "Notre-Seigneur est mort sur la Croix, dans les angoisses, et voilà pourtant la plus belle mort d'amour qu'on ait jamais vue! Mourir d'amour, ce n'est pas mourir dans les transports."
Elle avait tenu à en avertir ses sœurs au début de sa maladie: "Ne vous faites pas de peine, leur disait-elle, si je souffre beaucoup et si vous ne voyez en moi aucun signe de bonheur au moment de la mort... Notre-Seigneur est bien mort Victime d'amour, et voyez quelle a été son agonie!"
Mais les souffrances des derniers instants, dispensées à chaque âme différemment, selon les desseins de la Sagesse divine, sont néanmoins adoucies pour la Victime d'Amour, par la certitude que Celui en qui elle s'est aveuglément confiée "lui donnera du courage en proportion de ses souffrances... Je n'ai pas peur, si elles augmentent a-t-elle le droit de redire avec Sainte Thérèse, car Il augmentera en même temps ma patience."
30. - Que signifie donc, en réalité, l'expression Mourir d'amour?
- D'après la pensée de Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, et sans prétendre épuiser les secrets de la divine Miséricorde, cette expression mourir d'amour signifie, qu'à l'heur suprême, le bon Dieu fera "déborder, avec une profusion insoupçonnée, les flots de sa tendresse infinie sur la Victime d'Holocauste, la préparant, en un instant, à paraître devant Lui et rompra tout à coup la toile de sa vie (C'est le mot de notre Sainte inspiré par St Jean de la Croix:)" sous la pression de son Amour.
Parce qu'elle est celle de la plus extrême MISÈRE pour tous les fils d'Adam, cette heure de détresse provoquera l'Amour MISÉRICORDIEUX du Père céleste, à s'épancher totalement, au delà de toute mesure, sur la petite Victime, jusqu'à la transformer en Lui dans un "embrassement éternel..."
Cette mort toute d'amour, splendide conclusion d'une existence terrestre, n'est pas nécessairement sentie, ni manifestée au dehors; elle n'est pas liée à des signes extérieurs de joie, ni même de pleine connaissance ou de dévotion. Mais, comment ne pas croire qu'elle se produit infailliblement selon que la Victime fidèle l'aura espéré de la Miséricorde du bon Dieu, car il est magnifique dans ses récompenses, "il peut faire en nous infiniment au delà de tout ce que nous demandons ou conservons (Eph. III, 21.) et "c'est le glorifier que d'espérer de Lui de grandes choses (Saint Jean de la Croix.)."
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